Les Communiantes par Violette Héranger-Kwass

Moi dont le cœur est plein de rire et de dédain,
Moi, l’athée._ Adorant les cloches des églises
Et les vastes champs bleus où dorment les croix grises,
Je leur avais donné les roses du jardin
Les plus fraîches, les plus vivantes,
Les plus ferventes,
Pour les pieds en carton des vierges et des saints.

Les communiantes en chantant, furent menées
Auprès de chaque croix, avec leurs voiles clairs.
L’âme de tout l’été brûlant flottait dans l’air ;
Les communiantes et les fleurs se sont fanées ;
Mais le soir va venir, les prés verts sont moins verts,
Et le front du soleil touche presque la mer.

Elles marchent dans ce soleil qui se retire,
Leurs chapelets enroulés autour de leurs mains,
Avec un peu de lassitude en leur sourire,
Avec de la raideur aussi dans leur maintien.

Un reflet violacé monte, se glisse et flotte
Autour des fillettes qui marchent à pas lents,
Et rend leurs figures pâlies un peu vieillottes,
Et leurs voiles plus raides encore et plus blancs.

L’air a gardé comme une odeur fade de cierges,
Et le ciel, où glisse déjà l’esprit du soir,
Est du bleu pâle des bannières pour la vierge
Qui flottent mollement auprès des reposoirs.

Golfe du Morbihan. 1923

Le clocher de l'église de l'ile aux Moines

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