Et comme un grand oiseau Ou Le Départ du Thonier

H. de LAGARDE MONTLEZUN

Nouveaux textes des Livres de l’ile aux Moines – poème

Sur la grève sableuse et finement ancrée
Par les astres de nuit, sous le village blanc
Imprégné de douceur, couchés  par la marée
De solides canots sommeillent sur leur flanc

Dans le chenal du port, où se mire la lune,
Des barques au mouillage ont le baiser du flot
Et, là-bas, près du môle, une voilure brune
Grimpe le long d’un mât que termine un falot.

C’est le « Santez-Anna » qui, ce soir, appareille
Pour  la pêche lointaine et… le lointain retour
Six hommes sont à bord comme une ruche l’abeille ;
Ils seront au grand large avant que soit le jour…

Et grince le gréement, et s’agite la toile ;
Et vibre le navire à l’unisson des cœurs…
« Largue l’amarre, Yannick ! Bordez foc et grand’voile ! »
Commande le patron ; Et…, docile et sans heurts,

S’écarte le vaisseau de la Terre Natale.
La brise de noroît pousse le beau thonier,
Qui  jusqu’à son retour ne fera pas escale
Rudes seront les jours, rudes… jusqu’au dernier

Un bel ourlet d’argent à l’étrave scintille
Et, comme un grand oiseau qu’attire l’horizon,
Le voilier… disparaît, pendant que la famille,
Sur la cale, debout, récite une oraison,

A ce calme départ la Nature se prête,
Et son baiser d’adieu console et donne espoir ;
Mais l’épouse, en son cœur, songe aux vents de tempête
Qui creusent des tombeaux mouvants sous un ciel noir.

Protège tes enfants, Sainte Anne, Ô Bonne Mère,
Guide sur l’Océan tes marins bien aimés,
Veille sur la demeure où reviendra le père,
Et bénis tes Bretons, de courage animés.

Isle aux Moines
16 Octobre 1961 

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